Depuis début septembre, la Communauté de Communes Sarrebourg Moselle Sud, avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), accueille sur son territoire une designeuse d’art appliqué en résidence d’artiste.
CCSMS : Vous faites quoi en ce moment ?
Harmonie BEGON : Je suis actuellement en résidence de territoire, dans le cadre d’un programme de la DRAC appelé « diagnostique sensible ». Dans ce contexte, Cécile Baldo, enseignante-chercheuse, rédige en parallèle de mon travail, un rapport sur les actions menées, mon ressenti, ma démarche, mes observations. Cette résidence dure six semaines. Six semaines durant lesquelles je vis et travaille sur le territoire de la Communauté de Communes de Sarrebourg.
Ma démarche de travail est toujours basée sur la rencontre, la collaboration. Ainsi j’ai commencé par un temps d’observation, et de prises de contacts avec différents acteurs du territoire : école, entreprises, associations… Cette première semaine de résidence était en Juillet. Les cinq autres durant le mois de Septembre. Concrètement, je collabore donc principalement avec les acteurs et actrices du projet Sarrevie, un projet porté par la Communauté de Communes pour valoriser des chutes de cuir et de tissus issues d’usines de productions locales, ainsi que de la laine de mouton transformée par la coopérative Mos’Laine.
CCSMS : Designeuse d’art appliqué, ça consiste en quoi ?
HB : Je me suis spécialisée sur des problématiques relevant de l’artisanat, des savoir-faire, des questions de territoire, et de productions locales d’objets. Je m’intéresse aussi au réemploi et aux dispositifs d’Economie Sociale et Solidaire. Je me définis comme designer « au service de ». Lorsque que je rencontre des entreprises fabricantes, en me présentant comme designer, la question est souvent « qu’est-ce que vous voulez qu’on vous fabrique ? », je réponds que mon travail à moi, c’est plutôt d’identifier leurs besoins, et de voir comment mettre mes méthodes de design au service de leurs projets, et non l’inverse.
CCSMS : Plus précisément, quels sont vos projets sur notre territoire ?
HB : Dans le cas de cette résidence, le projet global de l’association Sarrevie se dessine depuis deux années maintenant. L’atelier de couture a démarré il y a un an au sein de l’entreprise d’insertion Entraide Emploi. Le projet est là, vertueux : les chutes de production des entreprises Steelcase, Mephisto (et plus tard Mos’laine) sont récupérées, et valorisées au sein de l’atelier de couture, ce qui permet d’une part de former des couturières, et ainsi de préserver et développer les savoir-faire locaux en matière de couture et de travail des matériaux textiles et cuir. D’autre part, cela permet de réduire l’empreinte environnementale en transformant ces déchets en nouveaux produits commercialisables, et de sensibiliser le public à ces problématiques.
Ma mission, sur cette courte période, était d’intervenir sur la question « qu’est-ce que l’on fabrique » maintenant que tout est là pour le faire. L’association travaillait déjà sur la production de goodies en cuir. J’ai décidé d’orienter ma résidence sur la question du textile, car j’ai été fasciné tout de suite par la qualité et la diversité des couleurs des tissus de Steelcase. Une fois sur le terrain, j’ai réalisé que mon utilité dans le projet ne consisterait pas à signer une pièce unique, mais à apporter une vision globale sur l’identité de la production. Créer un concept, une ligne éditoriale, qui pourrait ainsi rendre identifiable n’importe quel objet produit par Sarrevie. J’ai travaillé en collaboration avec Ghislaine Deom, encadrante technique chez Entraide Emploi, tout au long du projet, deux matinées par semaine, nous développions le projet dans l’atelier. Ainsi, ma proposition est comme un cahier des charges ouvert, plutôt que directif ou limitant. Il s’agit de proposer un principe constructif, un cadre, permettant de donner une identité Sarrevie, tout en ouvrant sur de multiples possibilités créatives.
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